Alexandre LE BRETON

Alexandre LE BRETON

Alexandre Marie Guillaume Le Breton né le 5 octobre 1898 à St Gilles Vieux Marché,
fils d’Alexandre LE BRETON et Mathurine LE BIHAN,
marié le 22 octobre 1922 à Le Quillio avec Germaine QUENO (1903/1993)
et décédé le 5 octobre 1990 à Quintin.

Reportage télévisé de 1982 d’une durée de 13 minutes retrouvé dans les archives de Michelle et Jean Mobian

 

« Le Roi des Américaines » par Jean Luc Tulot

Alexandre Le Breton, né le 5 octobre 1898, d’une famille de cultivateurs de Saint-Gilles-Vieux-Marché dans les Côtes-du-Nord (Côtes d’Armor aujourd’hui), fut un coureur cycliste régional breton de l’entre-deux guerres de renom. Il acheva sa carrière en 1948. Il était considéré comme un des meilleurs pistards de l’Ouest, mais curieusement, sans doute, parce qu’il ne monta pas à Paris et aussi parce qu’il n’a été l’objet d’aucun article de fonds, il est ignoré des sites du cyclisme sur internet.

Alexandre Le Breton au moment de son incorporation, dans les premiers jours de l’année 1917 dans la Marine Nationale était charpentier. Il servit comme matelot-chauffeur à bord du cuirassé Condorcet, appartenant à la flotte de la Méditerranée. A voir les représentations de ce bâtiment avec ses cheminées dégageant des colonnes de fumée et portant une pléthore de canons, l’on comprend pourquoi, Alexandre Le Breton lorsqu’il fut renvoyé dans ses foyers en janvier 1920, rechercha un exutoire aux années passées dans les entrailles de cette réincarnation du Léviathan, en l’exercice de la bicyclette, suspendu entre le ciel et la terre.

Alexandre Le Breton gagna sa 1ère course dans le hameau de Saint-Léon en Merléac sur un vélo qu’on lui avait prêté. Il n’était pas très grand, mais était très large d’épaule avec des membres énormes, qui lui valurent les surnoms de « Le Gros » et « Le Boeuf ». Sa morphologie était plutôt celle d’un lutteur que celle longiligne d’un coureur cycliste routier. Les configurations de courses en Bretagne étant très variées, il s’orienta dès 1924, vers la piste où sa puissance et sa rapidité au sprint pouvaient davantage s’exprimer.
Le 17 mai 1925 à Quintin, il remporta son premier titre de championnat de vitesse des Côtes-du-Nord qui lui ouvrit la possibilité d’être invité dans les grands vélodromes de Bretagne : Rennes, Fougères, Brest, Lorient, Vannes, Nantes… Le Véloce Club Rennais le convia ainsi à participer à la réunion que ce club organisa le 28 juin 1925 en l’honneur de l’équipe olympique 1924 du Véloce Club Levallois.
Alexandre Le Breton se distingua en cette réunion en égalant le record du tour établi par Blanchonnet, l’un des membres de cette équipe, à 29’’ 2/5. Blanchonnet dut remonter sur son vélo pour porter ce record à 29’’. Alexandre Le Breton enleva à nouveau le titre de champion de vitesse des Côtes-du-Nord le 24 mai 1926 à Lamballe.
En raison de son rang de classement, il ne fut pas sélectionné pour participer à ce championnat pendant quatre ans.

Alexandre Le Breton courut dans tous les vélodromes de Bretagne et de Mayenne, faisant preuve d’une grande détermination dans toutes les épreuves auxquelles il participait et ne s’avouait vaincu que lorsque la ligne d’arrivée était franchie. Ainsi le voit-on le 20 mai 1929 au vélodrome Kerabécam de Brest, lors d’une course de poursuite à deux, contre Favé-Saliou, bien que laissé seul par son équipier au bout de 6 tours, la gagner sous les acclamations du public (Ouest Eclair du 21 mai 1929). En 1930, son palmarès depuis son premier titre de champion de vitesse en 1925 comptait plus de 200 victoires.

Si le pistard est seul pour courir les épreuves de vitesses et les éliminatoires, il court les omniums, les poursuites et les américaines avec un équipier. Alexandre Le Breton avait entre autres surnoms celui de « Briochin volant » et de « Locomotive », ce qui en langage cycliste signifiait qu’il savait tirer sur le guidon et qu’il roulait fort, et eut toujours d’excellents équipiers : André Thibaut de Lorient, Roger Gautho de Plaintel, Fernand Le Dantec et en 1930 et 1931 Jean Briens de Langueux avec lequel il forma « la reine des équipes de l’Ouest ». Le 17 mai 1931 à Quintin, Alexandre Le Breton rétablit sa suprématie sur les pistards des Côtes-du-Nord en enlevant le titre de champion de vitesse du département. Le 16 mai 1932 à Saint-Brieuc, il conservera ce titre.

Les équipes étaient toujours éphémères pour ne pas lasser le public. Alexandre Le Breton et Jean Briens se séparèrent en 1932. Briens devint l’équipier, du Morbihannais Jo Kergoff, qui devint champion de France de vitesse des aspirants en 1932 et 1934. Alexandre Le Breton pour sa part prit pour équipiers ses anciens partenaires, mais aussi de jeunes cracks du lieu où se tenait la réunion, ainsi en 1933 avec Magré de Saint-Nazaire qui fut son équipier à Pontchâteau ou en 1934 avec Lucien Tulot, mon père, à Guémené-Penfao et à Châteaubriant. Comme il était un excellent rouleur et allait vite au sprint, il était choisi pour être le coéquipier d’une des vedettes de la réunion où il était invité. Ainsi, le 14 avril 1935 à Rennes, il eut l’honneur de courir l’américaine avec le champion du monde Jef Scherens et de l’emporter avec lui.

En 1934, Alexandre Le Breton quitta Saint-Gilles-Vieux-Marché et prit un café à Rennes qui servit d’antenne au Véloce Club Rennais. Demeurant à Rennes, il participa aux championnats de vitesse d’Ille-et-Vilaine. Il enleva ce titre pour la première fois le 27 mai 1934 à Rennes. Il remporta à nouveau ce titre en 1936, 1937, 1938 et 1939.

Au cours de l’année 1936, en application de la règle du renouvellement des équipes, Jo Kergoff deviendra l’équipier de Paul Le Drogo et Jean Briens reforma son association avec Alexandre Le Breton, mais ils ne coururent pas ensemble avec la même régularité que dans les années 1930 et 1931, continuant toutefois à engranger tous les deux, des américaines notamment à : Fougères, Rennes, Saint-Brieuc, Guémené-Penfao, …

C’est dans ce contexte que la guerre fut déclarée en 1939. Alexandre Le Breton était alors âgé de 41 ans. Il fut mobilisé dans une unité du train à Nantes. Fait prisonnier dans cette ville en juin 1940 lors de l’avancée allemande, il fut emmené outre-Rhin dans un stalag en Basse Saxe. Ayant combattu pendant la 1ère Guerre Mondiale, il fut rapatrié en France au mois de juillet 1941.

Au mois d’avril 1942, Alexandre Le Breton se remit à courir dans les vélodromes qui avaient poursuivi leurs activités : Rennes, Saint-Lô, Saint-Brieuc, Châteaubriant… Associé avec Roger Pontet de Dinan, il emporta notamment deux américaines à Rennes et Châteaubriant. Les courses se raréfièrent en 1943 et le débarquement allié de 1944 les interrompit. Les vélodromes reprirent leur activité après la Libération en 1946. Cette année, avec Lucien Tulot, il remporta pour la troisième et ultime fois une américaine à Guémené-Penfao. Le Breton roulait toujours fort et battait encore ses anciens adversaires d’avant-guerre, mais ce n’était plus le cas avec les meilleurs des jeunes coureurs. En 1948, il allait avoir 50 ans, âge ou un routier a raccroché son vélo depuis 10 ou 12 ans, il réalisa qu’il est venu le temps de mettre fin à sa carrière de pistard. Il avait remporté plus de 600 victoires dont 237 américaines et était toujours populaire.

Le 24 novembre 1985 à Quintin, lorsque le Comité de Bretagne du Cyclisme décerna à Alexandre Le Breton et à son ancien équipier Jean Briens, la Roue d’honneur d’Or, ce fut pour les deux anciens équipiers un grand moment d’émotion.
Alexandre se retira avec ses souvenirs dans une maison de retraite à Quintin où il mourut le 5 octobre 1990, jour de son quatre-vingt-douzième anniversaire.
Il ne le savait peut être pas mais dans la course de la vie, il battit de deux mois, Lucien Tulot, son ancien équipier, décédé le 6 août 1990 à Saint-Brieuc.

Jean Luc TULOT

A LeBreton

Cette classique photo carte postale en buste d’Alexandre Le Breton, au début de sa carrière a été publiée en plusieurs occasions dans l’Ouest Eclair,
notamment dans un article du 13 juin 1931 annonçant l’organisation de l’américaine des As le 16 juin 1631 au vélodrome de Rennes
et une seconde fois dans un article du 9 avril 1938 annonçant le lendemain la réunion d’ouverture du vélodrome de Rennes avec notamment un match omnium avec Rocheteau, Fraisneau, Lebreton, Briens, Tulot, Letourneur,…

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5 commentaires

  1. Bonjour
    J ai une énorme faveur à vous demander
    Alexandre, pour moi tonton Alexandre reste dans mes souvenirs.
    Serait il possible d avoir la vidéo faite par france 3 ouest.
    Merci beaucoup

  2. Gilles

    Je garde un souvenir très fort de cet homme qui me racontait pleins d histoires quand j etais enfant. Car au-delà du champion c etait un conteur d histoires fabuleux.

  3. Je suis très content que l’on parle enfin de mon grand-père qui m’a élevé des l’âge de cinq ans, a saint Malo puis à saint Gilles vieux Marché jusqu’à mes 18 ans, mon épouse et moi même avons adopté en 2003 deux enfants en Haïti, Maela avait dix mois et Bryan 2 ans, fait du hasard Bryan a été rapidement intéressé par le velo, a 5ans il a commencé en école de cyclisme , enchaînant comme son arrière Grand Pere de nombreuse victoires , fait du hasard encore Bryan a été très attiré par la piste , il a maintenant 16 ans et viens d’être Sacré Champion de France de vitesse sur piste sur le vélodrome de Hyeres, rien que pour cette année champion du challenge crédit Agricole sur piste au mans, il est double champion de Vendée sur piste, vitesse et élimination, double Champion régional sur piste, vitesse et Omnium, champion de France sur piste vitesse , et sur route suite à de nombreuses victoires il est également champion régional des pays de Loire sur route à Châteaubriant, j’aurais vraiment aimé que mon Grand Pere vive cela ! J’aimerais être contacté par j’en-Luc Tulot si cela est possible sportivement Marc Monnier (responsable piste Vendée)

  4. Reportage très émouvant, que je découvre par hasard. Alexandre Lebreton est mon oncle, sa femme étant la sœur de ma mère. J’ai de merveilleux souvenirs d’ enfance ; j’ai passé de longs moments chez eux à Rennes et je les aimais beaucoup. Tous deux étaient très chaleureux, accueillants et c’est un plaisir de constater qu’on rend hommage à cette vie simple, à cet homme qui vivait pour le sport et sa famille et qui avait bien du mal à comprendre toutes ses affaires qui sont survenues par la suite !
    Danielle Le Meur

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